Il y a là, exactement la sensation éprouvée suite à la contemplation de "100 consecutive pulse from the pulsar CP1919", comme un ensemble de phénomènes produits à partir d'une vision de l'inconscience soumise à un champ d'induction dû à une vision spectrale discordante, orientant de manière plus ou moins sensible le mouvement des imaginations désordonnées. La longue habitude de l'information flash des spectacles de distraction qui tente de nous faire oublier l'idée du théâtre grave, bouscule toutes nos représentations, nous insufflant l'ardente attractivité des images et agissant finalement sur nous à l'instar d'une thérapeutique de l'âme dont le passage ne se laissera plus oublier. La fameuse prédiction de Malraux sur “la possibilité d’un événement spirituel à l’échelle planétaire qui viendrait marquer le XXIème siècle”, pourrait induire des conduites émotionnelles, moins liées à la rationalité matérielle. Sans référence à une divinité extérieure exigeante, spiritualité sans religion, faisant le sacrifice des acquis en ne plus s’agenouiller pour obtenir, cette spiritualité nous l'avons déjà, mais les nouveaux codes nous le dissimulent.

Mes réalisations "d'Abstraction Sonores" n'ont pas pour but d'être comprises, mais simplement rappeler que nous sommes en permanence bombardé par le bruit des émotions juste là à nos côtés, alors que l'on s’émeut d’un tremblement de terre lointain, ne jetant même plus un regard au corps allongé sur un trottoir voisin, croisant chaque jour des milliers de visages sans pouvoir en retenir aucun. Loin de faire ou tenter de faire un méa-culpa, il y déjà le constat que la dernière portion du millénaire précédent nous aura appris l’incroyable capacité inventive de l’humanité à imaginer sa perte et son confort.

Composer des morceaux de musique et se les approprier par la création en arts plastique est une prise de conscience de soi qui s’opère à la fois avec déférence et avec le sentiment noble inspiré par une juste confiance. Avant de créer j'étais bien obligé de prendre en considération que des artistes m'ont impressionné et en me reposant uniquement sur leur travail, leur génie il m'aurait été impossible d'envisager aller de l'avant. Par cette juste confiance, j'ai essayé dans la mesure du possible de répondre à la vie par cette forme de suffisance et me dire : "Moi, aussi je veux prendre le pouvoir. Moi, aussi, je veux exister."

C'est volontairement que je me suis écarté des critères habituels pour ne pas me comporter selon un certain formatage. La norme qui fourmille autour de nous, parce que nous en sommes abreuvé par les médias, et ne pas la suivre, ne peut être la découverte de soit même. Il va de soit que des règles sont à respecter, mais chercher par la création nous démontre la possibilité que faire quelque chose de différent contribue à prendre le pouvoir sur soi même, sans se faire mouvementer par la réalité.

J'étais arrivé à un moment de ma vie avec le sentiment de considérer que les choses sont encore possibles. L'instant où l'on peut ajuster ses rêves à la réalité, à moins que ce ne soit le contraire: ajuster la réalité à ses rêves. Ce sont des choses que l’on doit préserver et garder le plus longtemps possible. Il m'avait vite été imposé d’être réaliste. Malgré ces injonctions qui sont par ailleurs une très bonne chose, j'ai su garder mes rêves, les parts de moi qui n'ont pas été emportés par les flots de l'existence ou formatées par le réel. J'ai su garder ce désir d’extrême liberté, en secret, le plus tard possible.

Témoignage d'une durée qui s’est discrètement installée, stimulé par l’instabilité d’une société épuisée, à bout de concepts et de projets, en réaction au bombardement de l'info qui balaie un jour ce qui fut adulé, ou qui traumatisa, la veille-même, ma génération a échappé aux bombes et aux armes , rapidement substitué par le Sida au synopsis mortellement imaginatif, auquel il a bien fallu trouver d’épisodiques parades à la dislocation des utopies. De manière transversale aux modes et aux humeurs, avec l'esprit de mon adolescence, tout juste pris d'une certaine sérénité, je me suis mis dans l'esprit de re-formater l’éternité et, chacun à sa mesure, la fixera à ses propres exigences. La vitesse événementielle nous désangoisse l'esprit, et nous laisse entrevoir une place où nos corps puisse se laisser rêver à des lendemains meilleurs.

Bien plus que par le passé et dans le futur, c'est à l'instant présent qu'il nous faut accepter que notre propre histoire ne soit ni exemplaire, ni régie par d’autres contraintes que celles invoquées par soi, une histoire humaine en somme.